Incroyable mais vrai

REALISATEUR: Quentin Dupieux // GENRE: comédie fantastique // SORTIE: 2022

Dans un style toujours aussi inimitable, Quentin Dupieux propose dans son film, “Incroyable mais vrai”, une réflexion sur le temps, les stigmates de l’âge et l’envie d’y échapper.

Avec son casting parfait, le film suit deux couples qui, chacun à leur manière, vont tenter d’échapper à une fatalité qui nous frappe tous, le vieillissement. Le premier couple, Alain et Marie (Alain Chabat et Léa Drucker), la cinquantaine, viennent d’acheter une maison. Pas n’importe laquelle toutefois… Une maison qui a un pouvoir extraordinaire, celui de faire rajeunir ceux qui empruntent une trappe dissimulée à la cave, qui ressemble à “une bouche d’égoût”. Le second couple, composé de Jeanne et Gérard (Anaïs Demoustier et Benoît Magimel), a lui aussi un secret bien gardé. Ils le dévoileront lors d’un repas dans la nouvelle maison d’Alain et Marie, amis de longue date, dans une scène mythique au suspens quasiment insoutenable. Il s’agit d’un gadget - connecté qui plus est - devant permettre à Gérard (chef d’entreprise un peu beauf pour lequel Alain travaille) d’assurer sa virilité à long terme... Le film va décrire l’emprise de plus en plus grande de ces pouvoirs sur la vie des personnages et la désintégration de leur couple, puis de leur vie.

Comme dans le “Portrait de Dorian Gray,” le roman d’Oscar Wilde, Marie ne pense plus qu’à trouver l’éternelle jeunesse. Elle emprunte jour après jour la trappe, se regardant juste après dans le miroir, en espérant y voir les signes d’un rajeunissement. Elle commence aussi à perdre la trace d’Alain, son mari, car elle évolue dans un autre espace-temps. Gérard a bien affaire lui aussi: la révélation de son secret à Alain n’a pas eu l’effet escompté et il s’en inquiète. Son gadget, de plus, connaît de sérieux problèmes techniques qui risquent de réduire à néant ses plans de bonheur conjugal.

La force du film, outre ses comiques de situations et ses dialogues qui font mouche, tient à ses personnages qui tentent envers et contre tout d’échapper à leur condition humaine... Quant à l’ambiance du film, c’est du pur Dupieux: à la fois mystérieuse - cette maison qui transforme ses habitants, altère le cours du temps - et enjouée, le film étant accompagné d’une bande-son incroyable, une partition baroque jouée au moog, kitsch à souhait.

Au final, seul l’un des quatre personnages échappe au chaos. La dernière scène du film le montre au bord d’une rivière, pêchant la truite avec son fidèle chien. Ca valait quand même la peine de veillir…

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